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ShieldAfrica : un rendez-vous incontournable pour la sécurité et la défense

DefTech. ShieldAfrica 2021 s’inscrit cette année dans un contexte de pandémie. Pourquoi avoir maintenu cette 6e édition, qui sera d’ailleurs votre première édition ShieldAfrica en tant que directeur général du COGES (Commissariat général des expositions et salons) ?

Charles Beaudouin. J’ai en effet été nommé directeur du COGES au mois d’octobre 2020. Nous organisons, à côté d’Eurosatory, de Platinum Security Exhibition à Monaco, ShieldAfrica à Abidjan et Expodefensa à Bogota. Ces salons sont le fruit d’une volonté de rayonnement, tirant profit de notre expérience et de nos savoir-faire acquis avec Eurosatory. ShieldAfrica et Expodefensa se sont imposés ces dernières années comme des références sur leurs continents respectifs.

J’ai voulu maintenir ShieldAfrica, car je souhaitais ne pas rompre, de mon fait, pendant quatre ans (le salon est bisannuel) un lieu d’échanges privilégié entre les pays africains sur les enjeux majeurs de sécurité et de défense. De fait, tous les ministres de la Sécurité et de la Défense d’Afrique sont invités, sans exclusion, à l’initiative du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité de Côte d’Ivoire. C’est l’occasion pour nous de montrer à l’État ivoirien que nous sommes à ses côtés, fidèles là où d’autres renonceraient.

La tâche n’est pas simple, car la pandémie s’accompagne d’une crise économique et les salons peinent à recruter et sont le plus souvent reportés. Cette année, nous réunirons un peu plus de 80 exposants, contre 145 en 2019, et une cinquantaine de délégations officielles. Mon seul objectif est la recherche de l’équilibre financier.

Ce salon est l’occasion d’accompagner des sociétés de sécurité et de défense sévèrement atteintes et qui ont besoin de relancer leurs exportations. Permettre aux industriels et aux décideurs de se rencontrer, créer les conditions de l’activité économique de sécurité et défense est la vocation du COGES. L’annulation d’un salon stérilise cela. Certes, il est possible d’organiser des rencontres B2B virtuelles, nous l’avons fait, mais rien ne remplacera la participation de délégations officielles ministérielles. L’exemple de Platinum Security Exhibition à Monaco, tenu sous forme de convention les 2 et 3 février en présentiel le montre. Ce fut un succès avec un thème signifiant (les territoires de confiance) et une attente forte d’échanges de décideurs et d’exposants. Monaco prouve qu’avec de la volonté et une capacité d’adaptation, tout est possible.

Dans ce contexte particulier, j’ai choisi de réarticuler Shield­Africa. Il prendra une forme hybride avec virtualisation du cycle prévu des conférences, recentrant les présences physiques sur les rencontres d’affaires. Nous piloterons le flux des visites sur les trois jours pour éviter les pics de fréquentation préjudiciables aux mesures sanitaires.

Enfin, cette 6e édition se devait de se tenir avec le récent décès du Premier ministre Bakayoko. Les autorités de la République de Côte d’Ivoire veulent que ce salon rende hommage à celui qui l’a toujours porté sans faillir.

Quel est le thème de cette 6e édition et quels sont les sujets qui seront abordés ?

Ce seront les « Nouveaux enjeux de sécurité dans les métropoles africaines ». Nous parlons d’un problème en réalité mondial. Terrorisme, criminalité, black bloc, contexte social tendu, tout montre qu’il faut passer à un autre paradigme. Les villes africaines, mégalopoles en extension, hyperconnectées, concentrent les populations et sont le lieu de toutes les confrontations. En matière de sécurité, comment faire en sorte que l’État de droit puisse anticiper (réagir est déjà un échec) des actions de type terroriste ou black bloc ? Ce défi ne peut plus reposer principalement sur des organisations humaines, mais justifie l’apport de technologies en réseau : capteurs, effecteurs, centre de présentation de la situation et de conduite des opérations. La pierre angulaire d’une telle architecture est le numérique. L’intelligence artificielle permettra de trier les masses de données, de détecter des signaux faibles qui échapperaient à l’humain. La sécurité collective, droit des citoyens et devoir de l’État, est un sujet fondamental qui est champ de confrontation de thématiques majeures :

– politique et sociétale : où s’arrêtent les libertés individuelles et où commence la sécurité collective ? À l’État de légiférer. À partir de quel moment considère-t-on que la sécurité collective est plus importante que les libertés individuelles ? Le sujet de la reconnaissance faciale est un exemple concret de ce débat ;

– pas de capacité sans filière industrielle de sécurité. Or la crise a mis à mal les ressources financières et les organisations humaines qualifiées ;

– enfin, je l’ai déjà abordé, la technologie. Le numérique et l’intelligence artificielle sont le moteur de l’efficacité.

Les thèmes développés lors des désormais e-conférences de ShieldAfrica aborderont le spectre de la sécurité : action de l’État en mer, notamment dans le golfe de Guinée, avec des questions liées à la piraterie, au commerce ; moyens de paiement ; cybersécurité ; vidéoprotection ; développement durable et résilience des villes, et susciteront des témoignages d’experts, mais aussi de maires.

Quelle place occupent les sociétés françaises pour ce salon ?

À ce jour, les entreprises françaises représentent autour de 50 % des exposants, mais ceux-ci continuent de s’inscrire et notre principal objectif, comme salon de référence en Afrique, est de présenter une offre mondiale, non seulement diversifiée, mais concurrentielle.

Enfin, je crois au développement d’un axe de l’espace à ShieldAfrica. L’enjeu de l’accès à l’espace des pays africains est capital. Les flux satellitaires, sous toutes leurs formes, sont de nature à répondre aux spécifiques géographiques des pays africains, vastes territoires aux voies de communication souvent comptées. Je veillerai à ce que l’édition de 2023, pour laquelle nous aurons plus de latitude, mette l’accent sur ce sujet.

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Charles Beaudouin

Directeur général du COGES Events.