DefTech

Emitech : des moyens d’essais sur mesure pour l’industrie de défense

Le groupe Emitech est aujourd’hui constitué de neuf entreprises réparties sur une vingtaine de sites, en France et au Maroc. Quelle est la part de vos activités consacrées à la défense ?

Les acteurs de la défense ont toujours été au cœur de notre clientèle, couvrant les trois domaines de la défense : air, terre et mer. Au cours de la dernière décennie, la défense a représenté entre 12 et 15 % de nos activités. Toutefois, il est important de noter que le chiffre d’affaires du groupe a augmenté de 300 % pendant cette période, avec une prévision de 70 millions d’euros pour 2023.

Des leaders tels que Dassault, Nexter et Naval Group reconnaissent la qualité de nos services. Ils sont soit nos clients directs, soit des recommandeurs pour leurs fournisseurs, qui sont également nos partenaires.

Nous intervenons sur une vaste gamme d’équipements et de composants utilisés par les forces armées, allant des produits électroniques et optroniques aux équipements mécaniques et moteurs. À mesure que le groupe s’est développé, notre gamme de services s’est élargie, tout comme notre capacité à tester des produits toujours plus grands ou nécessitant des installations et servitudes plus sophistiquées.

En mars 2023, vous avez mis en service un nouveau moyen d’essai, une cage de Faraday de grandes dimensions adaptée aux véhicules militaires de grand gabarit. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?

Ce projet, conçu initialement pour l’homologation de véhicules selon le règlement ECE R10, représente un investissement majeur. Sa viabilité économique ne peut toutefois pas dépendre uniquement de nos clients du secteur automobile.

Il a donc été adapté pour répondre aux besoins d’autres marchés, notamment celui de la défense. Par exemple, notre installation dispose d’un plateau tournant avec des bancs à rouleaux, capable de tester des véhicules en « mouvement » jusqu’à 12 tonnes, mais nous avons prévu une zone de charge lourde pouvant supporter jusqu’à 40 tonnes pour élargir les cas d’utilisation de ce moyen.

La porte de la cage, mesurant 4,8 m × 4,8 m, est conçue pour accueillir de grands systèmes. La hauteur de la cage a été calculée pour que ces systèmes puissent se déployer à l’intérieur, avec une hauteur maximale de 9,5 m.

Dans les grandes lignes, pouvez-vous expliquer à nos lecteurs les différents essais qui y sont menés ?

Nous pouvons réaliser les essais traditionnels :

• émissions conduites et rayonnées que ce soit en champ magnétique (20 Hz-30 MHz), en champ électrique (10 kHz-40 GHz), en conduction (pinces de courant 10 Hz-1 GHz – 1 kA) avec une analyse temporelle (DC – 500 MHz) ;

• immunités conduites et rayonnées en champ électrique de 10 kHz à 40 GHz en méthode BCI (bulk current injection) jusqu’à 1 ampère de 10 kHz à 1 GHz avec différentes modulations AM, FM, pulsées et combinées. Nous mettons aussi en œuvre des mesures spécifiques : mesure pied d’antenne (10 kHz-40 GHz), mesure VSWR des antennes sur véhicule (10 kHz-40 GHz), mesure de découplage entre antenne sur véhicule (10 kHz-40 GHz), DREP (danger des rayonnements électromagnétiques non ionisants sur les personnes), DRAM (dommages dus aux rayonnements électromagnétiques sur les armes et les munitions), etc.

Dans les forces armées occidentales, les protections contre les attaques cyber ou électromagnétiques se généralisent afin de répondre à des menaces de plus en plus présentes. Est-ce que cela a ou va avoir un impact sur votre activité ?

Les menaces électromagnétiques ne sont pas nouvelles dans notre secteur. Nous surveillons attentivement les besoins émergents afin de toujours y répondre efficacement.

Les cyberattaques ne se cantonnent pas au domaine de la défense. Nos engagements dans les secteurs industriel et civil, d’où proviennent fréquemment les nouveaux acteurs de la base industrielle et technologique de défense, nous ont familiarisés avec ces enjeux. Nous renforçons continuellement nos compétences pour y faire face.

Le secteur de l’industrie de la défense connaît aujourd’hui une vraie crise du recrutement. Est-ce également le cas chez Emitech ? Quels sont vos besoins dans ce domaine ?

À l’instar de l’industrie française, nos besoins sont considérables, amplifiés par notre implication dans le domaine de l’ingénierie, notamment à travers des missions d’assistance technique et de centre de service. Alors que nos effectifs sont actuellement de plus de 600 personnes, nous recherchons plus de 60 talents.

Entretien avec Neboisa Milosavljevic, responsable laboratoire CEM chez Emitech.

Ajouter un commentaire