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Projet Dataflo : l’intelligence artificielle pour traquer les sous-marins

Le projet Dataflo a été lancé en juillet 2020 par l’Agence de l’innovation de défense et son Défense Lab, et le Service hydrographie et océanographique de la Marine (SHOM). Son objectif : analyser les données des courants marins produites par la société eOdyn et les exploiter dans le cadre d’opérations de surface et de lutte anti-sous-marine.

L’espace est redevenu la « nouvelle frontière », pour reprendre le terme du président américain John F. Kennedy. Mais sur Terre, les océans n’ont pourtant pas livré tous leurs secrets. Parmi eux, les courants marins de surface et de profondeur sont des phénomènes très complexes qui attisent la curiosité des chercheurs. Il est néanmoins possible de les étudier grâce à différents outils comme les bouées dérivantes, les radars haute fréquence, etc. Les résultats obtenus peuvent varier selon l’outil, mais aussi les zones d’étude et les algorithmes utilisés. En France, dans le cadre d’opérations anti-sous-marines, le SHOM utilise les données recueillies par les satellites altimétriques (mesure de la hauteur de la surface de la mer) pour déterminer la présence possible de sous-marins trahis par les tourbillons océaniques (mouvement tournant rapide de l’eau dû par exemple à des hélices).

C’est la société eOdyn qui récolte les données océaniques. Créée en 2015, eOdyn est spécialisée dans l’observation de la dynamique océanique. Grâce à l’utilisation du machine learning, elle est capable de mesurer les courants marins en temps réel et simultanément à l’échelle de la planète.

La technologie de rupture développée par eOdyn, appuyée par un algorithme d’apprentissage automatique et des données AIS (Automatic Identification System, système d’échanges automatisés de messages entre navires par radio très haute fréquence) collectées par satellites, analyse le trafic maritime et permet de mesurer les courants marins de surface. Ce système permet d’utiliser plus de 100 000 navires comme autant de capteurs pour suivre les déplacements des masses d’eau avec une résolution dans le temps et dans l’espace tout à fait remarquable.

Le projet Dataflo peut être appliqué dans une multitude de domaines : sécurité maritime, économie de carburant, lutte antipollution, lutte anti-sous-marine.

Il utilise les données d’eOdyn et celles collectées par les satellites, les bouées dérivantes ou les radars haute fréquence pour aider la Marine nationale à mieux appréhender son environnement. D’autre part, grâce à sa technologie, eOdyn modélise les tourbillons, les fronts océaniques et les ondes internes (ondes de déplacement se produisant au sein d’un fluide) pour améliorer les prévisions de performance acoustique.

Concrètement, ce système permet à la Marine nationale de localiser précisément les tourbillons océaniques en temps réel dans une zone déterminée, et d’améliorer les modèles de propagation acoustique pour accroître les possibilités de détection d’un sous-marin cherchant à se dissimuler.

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Boris Laurent

Spécialiste des questions de Défense, coordinateur éditorial du magazine DefTech.