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Intelligence artificielle contre pilote : un pas de plus vers le machine teaming

Il y a quelques mois, une intelligence artificielle (IA) et son algorithme ont battu un pilote américain dans une simulation de dogfight entre deux F-16. Mais le Pentagone se veut rassurant et a indiqué que le futur verrait une collaboration IA-pilote plutôt que le remplacement du second par la première.

Je ne vois pas les pilotes humains être remplacés, mais je les vois être améliorés, non pas physiquement, mais dans leur travail, leur efficacité, en coopération avec des systèmes d’intelligence artificielle », a indiqué Mark Lewis, attaché au secrétariat américain de la Défense pour la recherche et l’ingénierie.

Les essais Alpha Dogfight, qui se sont déroulés au mois d’août dernier, marquaient la dernière étape de la compétition avec l’IA dans le combat aérien. L’algorithme, développé par Heron Systems, est facilement venu à bout du pilote au terme des cinq confrontations menées tout au long de l’année au sein de la fameuse Defense Advanced Research Project Agency ou DARPA.

« L’élément capital qui ressort de ces affrontements est que le système d’intelligence artificielle a parfaitement réalisé sa mission, car il n’était pas préoccupé par sa propre sécurité. Il a donc été capable de faire des choses que l’humain n’aurait jamais faites. Et c’est bien là l’avantage de l’intelligence artificielle. Mais je pense que le véritable objectif est de former une équipe IA-pilote humain pour combiner leurs points forts. Je suis assez confiant : nous aurons encore des pilotes humains dans le futur », a indiqué Mark Lewis.

Les essais Alpha Dogfight font en réalité partie du programme Air Combat Evolution (ACE) mené par la DARPA qui explore la formation d’équipes humain-machine. L’ACE utilise ainsi les dogfights collaboratifs humain-machine pour accroître l’autonomie des deux entités et la confiance de l’humain dans la machine lors des combats. L’objectif est mettre en œuvre cette collaboration dans des scénarios complexes au niveau de la campagne, des opérations, et non plus de la bataille, au niveau tactique.

Les essais en situation réelle devraient débuter en 2023 avec des chasseurs d’entraînement L-39. L’IA assistera le pilote en lui fournissant des données et en mesurant son niveau de stress.

Distancer les concurrents chinois et russes

La DARPA prévoit l’utilisation d’un pilote humain manœuvrant avec l’aide de l’IA des plateformes autonomes capables d’être chacune engagée dans une mission indépendante des autres. Tel est l’objectif du programme ACE.
« L’ACE cherche à créer une structure hiérarchisée pour l’autonomie, dans laquelle les fonctions cognitives les plus importantes (développement d’une stratégie globale, sélection des cibles classées selon leur priorité, choix de la meilleure arme, etc.) seront mises en œuvre par l’humain, tandis que les moins importantes (manœuvre et tactiques d’engagement) seront laissées au système autonome porté par l’IA », a indiqué Jared Adams, porte-parole de la DARPA.

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Boris Laurent

Spécialiste des questions de Défense, coordinateur éditorial du magazine DefTech.