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La guerre en Ukraine a aussi une dimension navale majeure. Si l’invasion du territoire ukrainien et les contre-offensives qui ont suivi ont été au cœur de toutes les attentions, la bataille navale pour le contrôle de la mer Noire est intrinsèquement de nature stratégique. Le blocus initial imposé par la Russie sur le littoral ukrainien laissait planer la menace permanente d’un débarquement amphibie dans le sud du pays, coupait la possibilité d’un ravitaillement matériel par voie maritime et risquait de provoquer d’importantes famines à l’échelle du globe, en bloquant les exportations de blé ukrainien. Au début du conflit, la supériorité russe semblait indiscutable, la marine ukrainienne ayant été amputée des deux tiers de ses forces après l’annexion de la Crimée. Pourtant, au fil des semaines, les forces navales russes ont enchaîné les échecs au point de perdre pied au-delà de la mer d’Azov. Reprise de l’île aux Serpents, destruction de plusieurs navires de patrouille et de bâtiments amphibies, naufrage du Moskva… Ces évènements particulièrement médiatisés ont montré que, même en supériorité numérique et technologique, une flotte de surface peut rapidement se retrouver dépassée par la multitude des menaces opérant en zone littorale : nageurs de combat, mines, batteries côtières de missiles antinavires, artillerie à longue portée, drones, etc. Observant ces évènements à distance, les marines européennes tentent d’intégrer rapidement les premiers retours d’expérience de la bataille de la mer Noire qui, à bien des égards, ne font que confirmer les enseignements des opérations navales menées ces dernières années au large du Yémen. Les menaces de haute intensité, pouvant également prendre des formes asymétriques, ont un impact visible sur le design des nouveaux navires de combat. Les futures frégates Miecznik polonaises embarqueront ainsi 16 missiles antinavires RBS 15, aptes à la frappe côtière, soit le double de la dotation habituelle dans la région. En France, les FDI en cours de construction intègrent de base une passerelle destinée à la lutte contre les menaces asymétriques, et il semble bien que la destruction du Moskva ait remis en question la décision initiale de ne pas doter les premiers bâtiments de la classe de lance-¬leurres antimissiles. Pour autant, ces améliorations à la marge du matériel de premier rang ne suffiront pas à se préparer à un vrai retour de la guerre de haute intensité. Depuis plus de trente ans, les flottes ont vu leur format réduire comme une peau de chagrin, sans aucune marge de manœuvre ni réserve de munitions. Au point que, si elles devaient être engagées dans une bataille navale d’importance, elles ne seraient bien souvent rien de plus que des flottes de combat à usage unique. Dans un tel contexte, et alors qu’il convient d’effectuer une remontée en puissance rapide, une partie de la solution pourrait résider dans l’appropriation et la généralisation, au sein des forces occidentales, des moyens de lutte asymétrique. Drones sous-¬marins et essaims d’UAV ne sont pas uniquement des menaces contre lesquelles se protéger, mais doivent aussi rapidement devenir des technologies abordables, utilisées massivement en soutien des forces conventionnelles. Si cela tranche bien souvent avec la culture opérationnelle en place, qui freine de telles transformations, on constate que de nombreux industriels ont déjà anticipé ces changements de paradigmes à venir.

SOMMAIRE

ACTUALITÉS
• Le chasseur coréen KF-21 effectue son premier vol
• La Pologne choisit la Corée du Sud pour renforcer ses forces armées
• Serval, Jaguar, CAESAR : remontée en puissance pour l’armée de Terre
• Premier vol de l’AW249, futur hélicoptère de combat lourd italien
• Shahed contre Sukhoi : les échanges d’armements semblent se renforcer entre l’Iran et la Russie
• Effervescence dans le domaine des chars de combat européens
• L’Indian Navy réceptionne l’INS Vikrant, premier porte-avions de conception nationale
• Lockheed Martin commence à livrer des lasers HELIOS à l’US Navy
• Mise en service du Riachuelo, premier sous-marin Scorpène produit sous licence au Brésil

CARTOGRAPHIE
• Kaliningrad : un pied russe en Europe
• Géopolitique de la Baltique : une sécurité menacée ?  
• Le plateau du Golan, territoire stratégique pour Israël

FOCUS
• Le Tigre Mk3 : le futur de l’hélicoptère de combat européen sans l’Allemagne ?
• MAWS : mort clinique pour l’avion de patrouille maritime franco‑allemand ?

ESPACE
• Menaces sur l’ISS ?

MATÉRIEL
• Les armes antichars au cœur des opérations ukrainiennes

PROSPECTIVE
• Fonds marins, futurs champs de bataille ?

DOSSIER : SOUS-MARINS
• Les sous-marins, meilleurs garants de la dissuasion ?
• La sous-marinade russe, une remontée en puissance discrète,
mais efficace
• XLUUV : les drones de grande taille vont-ils révolutionner la guerre sous-marine ?
Lutte ASM : vers une nouvelle génération de moyens aériens

CYBERSÉCURITÉ
• Quelle place pour le cyber dans la manœuvre aéroterrestre future ?
• Les enjeux de la cybersécurisation du milieu maritime

EURONAVAL
• Euronaval 2022 – Les industriels se tiennent prêts 

SERIOUS GAMES
• Pytharec : les « serious games » au service de la défense et de
la sécurité 
• Le wargaming, outil de formation pour les armées… et les civils ?

HISTOIRE
• Naissance du concept moderne de porte-avions aux États-Unis
et au Japon entre 1922 et 1944

ENTREPRISES/FORMATION
• Les enjeux du recrutement pour la Marine nationale
• Portrait de marin. Un savoir-faire unique au service de la défense

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Boris Laurent

Spécialiste des questions de Défense, coordinateur éditorial du magazine DefTech.

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