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« Le master “Défense, cybersécurité et gestion des risques” répond à une attente forte des décideurs politiques et des étudiants »

DefTech. Pouvez-vous nous en dire plus sur le caractère pluridisciplinaire de la formation « Défense, cybersécurité et gestion des risques » de l’ILERI ? La pluridisciplinarité est-elle indispensable pour comprendre les enjeux internationaux de plus en plus complexes ?

Philippe Cattelat. La pluridisciplinarité est en effet indispensable, raison pour laquelle notre formation est scindée en deux parties. Durant la première partie, les étudiants approfondissent les notions de géopolitique, de cyber, ses enjeux et ses différents acteurs. Durant la deuxième partie, ils travaillent dans le secteur informatique, à l’IPI, l’école d’informatique du Groupe IGS. En fait, les aspects techniques sont étudiés à l’IPI, et les domaines culturels sont appréhendés au sein de l’ILERI.

Les étudiants affinent ainsi leurs connaissances des enjeux internationaux au travers des prismes juridique, économique, politique, géopolitique, mais aussi informatique. Ils étudient aussi la sécurité informatique des systèmes et des réseaux ainsi que des systèmes d’information.

Quels sont les atouts de ce programme ?

L’ILERI est un institut bien implanté dans l’univers « relations internationales », avec le secteur diplomatique et les ambassades, mais aussi les cabinets-conseils et les entreprises spécialisées dans les exportations ou les implantations locales. D’autre part, l’École 3A, qui fait partie du groupe, s’intéresse aux ONG et aux politiques de développement. Typiquement, nous aurons une master class en janvier 2022 qui traitera de la sécurisation des opérations extérieures des ONG (missions longues, hôpitaux, camps de réfugiés, etc.). La sécurité sera notamment abordée, mais la thématique est assez large. Nous avons par exemple inauguré le 8 décembre une série de conférences avec la Maison de l’Europe de Paris, dont le premier invité était le général Lanata, ancien commandant en chef de l’OTAN.

À travers les différents thèmes abordés dans ce programme, le caractère international est omniprésent, car il fait partie de l’ADN de l’ILERI.

Cette formation répond-elle à une forte demande des étudiants, des décideurs politiques et des organisations privées comme publiques ? Globalement, le cyber est-il un thème incontournable des grands enjeux de politique étrangère et de guerre économique ?

Il y a six ans, les programmes de sécurité étaient peu courus. Mais si l’on se projette dans les dix prochaines années, on se rend compte que la sécurité intérieure et extérieure sera fondamentale. Elle l’est déjà, en réalité. On le voit clairement avec le prochain retrait des forces françaises du Mali. Il n’y a aucune raison pour que le problème du terrorisme disparaisse d’ici à dix ans. On constate un regain d’intérêt chez les jeunes pour cette thématique. Il y a un retour des fondamentaux. Dans nos campus de Paris et de Lyon, nous avons doublé nos effectifs d’étudiants en première année. En effet, beaucoup quittent l’université en licence et entrent à l’ILERI en ayant tiré profit des excellents programmes de l’université. Je rappelle d’ailleurs que plusieurs professeurs de Lyon 3 enseignent à l’ILERI.

Pour répondre à votre deuxième question, effectivement, le cyber est incontournable. La création de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) en 2009 et du Commandement de la cyberdéfense 2017 montre bien que nous sommes entrés dans le « cyber pur et dur ». L’État est bien doté pour faire face, et le recrutement de jeunes informaticiens et ingénieurs augmente.

Quels sont les débouchés de votre formation ?

Les compétences acquises permettent d’accéder à des postes dans des organismes publics comme les ministères des Armées, des Affaires étrangères et de l’Intérieur (concours d’inspecteur et de commissaire). Dans le privé, cela concerne les entreprises spécialisées dans la sécurité, les grandes entreprises ou les cabinets-conseils qui peuvent par exemple aider à la mise en place d’architectures de sécurité, les industries de défense ou stratégiques souvent présentes à l’export, ou encore les ONG.

Mais beaucoup d’étudiants rêvent de partir à l’étranger pour faire une carrière internationale. C’est ce qui explique en partie le succès de cette formation et de notre école. Nous allons d’ailleurs ouvrir deux nouveaux campus en 2022, dans le Sud et dans l’Ouest de la France. Il y sera possible d’étudier en master « Défense, cybersécurité et gestion de risques ».

Philippe Cattelat
Responsable de la stratégie des écoles du Réseau C&D
Institut libre des relations internationales (ILERI)

Entretien réalisé par Boris Laurent.

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